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Photo du rédacteurmonqigong

La Voie du Bâton, le coeur brut du Taichi Chuan

Dernière mise à jour : 28 juin 2019



Le Taichi Chuan est un membre à part entière de la grande famille des arts martiaux chinois. "Chuan" veut dire "poing" et fait donc référence aux "arts du poing". Le combat à mains nues est au centre de la Voie martiale, parmi les cinq phases (Wu Xing) de la cosmogonie chinoise que sont le Feu, la Terre, le Métal l'Eau et le Bois, il est donc relié à la Terre, énergie centrale, matrice primordiale.


Une fois que l'adepte de la boxe a assis ses fondations, en se familiarisant avec la pratique à mains nues, il peut choisir de prolonger cette énergie au travers de la pratique des armes. L'arme n'est qu'une extension du poing, du bras, de l'être, elle exprime le tempérament et l'essence du pratiquant. Dans les arts martiaux chinois, après le poing et la Terre, quatre armes sont traditionnellement rattachées au quatre autres phases. Ainsi, l'épée à l'Eau, fluidité et grâce, la lance au Feu, vivacité et légèreté, le sabre au métal, puissance et densité, la bâton au bois, à la fois versatile, anodin et d'une redoutable efficacité.

Le bâton est une arme universelle que l'on retrouve de l'Orient à l'Occident, de la Chine à l'Afrique, de la Polynésie à l'Amérique. Que ce soit le bâton du magicien, du moine ou le sceptre royal, il est depuis toujours porteur d'une symbolique essentielle.

En effet, alors que les trois autres armes sont faites pour être utilisées d'une manière spécifique, le bâton fait preuve d'une grande versatilité. L'épée chinoise frappe surtout d'estoc (transperce avec sa pointe), et si l'on coupe avec ce n'est qu'en utilisant essentiellement les 15-20 centimètre sous la pointe, et ce de façon chirurgicale en sectionnant artères et tendons (même si le reste de lame est tranchant et pouvant être occasionnellement utilisé). À l'inverse, le sabre, tranche, coupe et frappe de taille, avec force et puissance. La lance, elle, souple ou rigide, pique et transperce.




Et c'est là que le bâton exprime toute sa différence. En effet, il peut frapper de taille comme d'estoc, et toutes ses parties peuvent être utilisées. Le maître de ma première école de taichichuan, s'entraînait ainsi à transpercer des sacs de sable bien compacts...De plus on peut faire varier sa longueur en le faisant glisser dans nos mains de différentes façons, dissimulant ainsi sa taille pour varier l'effet de surprise et démultiplier les options. Sans oublier que ses deux côtés peuvent être utilisés. De toutes les armes c'est la plus modeste, la plus anodine, d'elle n'émane aucune agressivité, d'ailleurs le bâton peut servir comme outil dans diverses tâches de la vie quotidienne. Ce n'est pas pour rien que c'est l'arme de prédilection chez les moines-guerriers de la Chine au Japon. Comme la Terre, le bâton exprime une fondation solide, qui nous soutient et nous appuie; il est dur et flexible à la fois, en lien directe avec la nature. En ce qui concerne ces armes, les hasards de la vie ont fait que les deux transmissions que j'ai eu la chance de rencontrer, m'ont toutes deux mené sur les même voies, celles de l'Eau et du Bois, du bâton et de l'épée. Pour cela, à mes maîtres je dis merci.

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